Road Trip
Il est temps de partir de Chiang Mai, et notre prochaine destination est… Chiang Rai! Quand on avait prévu notre voyage, on s’était dit qu’on allait principalement voyager en bus, alors on a regardé nos options… et on s’est rapidement rendus compte que ça ne serait pas facile coté horaires et (en plus!) pas forcement économique…
Alors la seule option qui nous reste, c’est de louer une voiture. Ça roule à gauche (volant à droite) en Thaïlande, et de ce qu’on a vu ce n’est pas la circulation la plus… organisée mettons. Entre les tuk-tuks et les scooters qui doublent des 2 bords et les multiples petites rues, ça parait à première vue dangereux même. Mais le voyage est encore long et on s’est dit que ça serait un bon test d’aller vers un coin plus tranquille comme Chiang Rai pour essayer. La voiture apporte aussi des beaux avantages, comme la sécurité pour nos bagages et l’occasion pour Poupette de se reposer pendant nos déplacements… et puis surtout la liberté!
Alors c’est parti, on loue sur internet une petite Yaris (automatique et passe partout, pratique et économique!) qu’on va récupérer à l’aéroport. Petite vérification de la voiture avant de partir, tout est beau, nous voilà sur la route direction… Doi Suthep! (littéralement : « Montagne Suthep » en thaïlandais) Car oui, tant qu’à faire, on va aller voir le magnifique Wat Prathat Doi Suthep avant de nous lancer sur la grande route. Il n’est pas très loin de Chiang Mai (20 kms) et ça permet de tester la voiture et nos capacités. Pour conduire, ça va clairement être Clément « El conductor ». Il a déjà l’expérience de la conduite à gauche grâce à son voyage passé en Nouvelle Zélande, donc c’est lui qui se sent le plus à l’aise.
Première constatation : avec un bon copilote, c’est pas si compliqué de conduire en Thaïlande. Par contre, Clément inverse constamment les manettes d’essuie-glace et celle des flashers. Ça va prendre quelques répétitions pour s’habituer. Doi Suthep est situé sur les hauteurs de la ville. Dès que ça monte, attention les virages! Ricki sert les dents (les ostis de virages qui n’en finissent plus tout le long de la montagne) ... ouf! On est arrivé à bon port!
Doi Wat Suthep
Petite pause jus et fruit pour reprendre des forces, car une nouvelle étape nous attend : les marches! Sur les fameux internet, tous disent que d’affronter les 306 marches bordées par des dragons sont un défi en soi. Bon. 306 marches, ce n’est quand même pas le Kilimandjaro, avec un bon pas, des petites pauses toutes les 50 marches, on y arrive assez rapidement.
Le Wat (temple) est tout en haut de la montagne (Doi) Suthep. Dès qu’on rentre sur le site, on l’impression d’être transportés dans un autre monde. Le temple qui est niché à presque 1600 mètres (en plus des 306 marches), entouré d’arbres, de fleurs et tous plein de sculptures et de petits buildings qui font d’office de monuments. Malgré le fait que c’est super touristique (t’entends des Anglais et des Français à la tonne- Oi! Turn down the volume!) nous sommes littéralement transportés dans un petit îlot de calme. On prend le temps avec Poupette de visiter tous les Buddhas (qu’elle surnomme la Reine) et de regarder toutes les fleurs, dans ce milieu crissement Zen alors que le temps semble tout simplement en suspens.
Chiang Rai
Il est temps de partir pour Chiang Rai, situe à 190 kms. Google Maps prévoit 3h à... 4h20 de route. On aime la précision des estimations, tu sens tout de suite que tout peut arriver :D
La route est quand même bonne, même si on sent que le génie civil ici ne se casse pas trop le bicycle avec les tracés; leur philosophie : on va suivre le relief et les cours d’eau, c’est plus simple! Ça donne des séries de virages épiques et des montées à faire chauffer pas mal de moteurs. Dès que ça peut, ça double dans tous les sens les camions surchargés de matériel, très souvent sur les lignes blanches, mais pas de surprise on s’y attendait un peu.
4h plus tard, nous voilà arrivés sans encombre à Chiang Rai et le décor n’est pas très glorieux... Pour vous faire une idée, Chiang Rai, c’est un peu la petite sœur mal aimée de Chiang Mai. Tu sens les efforts de la ville pour la mettre en valeur (beaux signaux dorés pour le nom des rues par exemple), mais malheureusement la pauvreté de la population a fait que le reste n’a pas suivi.
On a pourtant décidé d’aller y passer 5 jours après Chiang Mai, attiré principalement par ses 2 Wats : le Blanc, et le Bleu. Ça fait un peu léger comme programme, heureusement il y a toujours le night market!
Qui dit voyage de 9 mois, dit compromis. Ne vous imaginez pas qu’on se paie des villas tous les soirs. Comme on loue une voiture, on décide de faire un compromis sur la chambre. Et donc, notre chambre ne que coûte 20$ la nuit. Pour 20$, t’as quoi à Chiang Rai? Un lit (Thank God! qu’on trimballe le lit de camping d’Adeline avec nous, on avait justement prévu le coup car, en Asie, ils jugent que les enfants en bas de 7 ans peuvent dormir dans le même lit que leurs parents. For 9 months? Hell No!), un bureau d’ordi et une salle de bains. Ah! Et aussi la visite d’une cucaracha le 2e soir. Ça promet! Par chance, on découvre comment éloigner ces bébittes de l’enfer, c’est simple, tu n’éteins jamais le ventilateur de la salle de bains, qui donne directement dehors.
À force de marcher, on s’aperçoit un peu plus de la "faune" environnante. Un nombre incalculable de boutiques de poteux rappellent qu’on n’est plus très loin du triangle d’or. En plus, ici, les madames proposent des massages (en pleine rue) laissant entrevoir qu’elles proposent plus des happy ending pour leurs clients que d’autre chose.
Ricki – En marchant, ça me rappelle mes années en travail de rue avec Projet Vénus. Le même genre d’ambiance y règne, celle où on sent qu’il faut garder un ‘’front’’ de femme qui ne se laisse pas faire, tout en laissant apercevoir qu’elles veulent dénicher le bon client. Même à l’autre bout de la planète, les dynamiques sont essentiellement les mêmes, soit elles sont solidaires et font des blagues entre elles, certaines faisant même des high five à Adeline – on vous jure, que c’est réellement arrivé, soit elle se voient comme de la compétition et chacune reste de son bord, le regard endurci. Encore une preuve que peu importe la langue, la culture, les différentes formes de résilience dont l’humain fait preuve, reste sensiblement la même.
Le night market n’est pas très diffèrent de ce qu’on a pu voir jusque-là. On trouve les mêmes pantalons aux motifs d’éléphant sur les cintres des boutiques et sur les fesses des blancs (qui sont les seuls à porter ça d’ailleurs), et toujours le même combo de lunettes/casquettes/t-shirts/chaussures de fausses marques. Pas grand-chose d’artisanal malheureusement, on s’attendait à mieux. Les lumières dans la ville la mettent au moins un peu en valeur et cachent la misère. Par chance, un soir, après 2 grosses Chang, on débarque au market pour manger un Hotpot (ME-NOUM! La qualité et la quantité de bouffe que tu peux avoir pour 150 Bahts, on capote!). Les locaux mangent et rient entre eux, des musiciens jouent sur le stage, la bouffe est bonne et la 3e grosse Chang est froide et encore meilleure, au final, Chiang Rai, t’as du charme sous ton côté trash.
Khun Korn Waterfall
Pour sortir de tout ça, on décide de partir faire une balade dans la nature. À quelques 40 minutes de route se trouve le parc national de la Khun Korn Waterfall. Sur la route, quitter peu à peu la ville pour entrer dans la végétation nous fait du bien. En arrivant, après quelques minutes de marche, le bruit blanc des chutes d’eau et le chant d’oiseaux inconnus fini par nous apaiser. On passe sur des ponts bric à brac au-dessus de la rivière, on admire la hauteur (et la largeur!) des arbres, les tiges de bambous aussi hauts que des buildings, Adeline est très à l’aise et on sent que ça lui fait du bien aussi de randonner. Au bout d’un moment, on entend le grondement s’intensifier et on aperçoit la chute derrière les arbres. Même si on est en saison sèche, elle est impressionnante! La force du souffle au pied de la chute nous trempe complètement de la tête aux pieds. Et c’est très difficile de prendre une photo sans en avoir plein la caméra. Les souliers bouetteux et le corps rempli d’endorphines de s’être retrouvés dans la jungle, nous sommes vraiment satisfaits de cette courte rando de 5 km!
Goddess of Mercy
Pas très loin de la ville, on peut trouver 3 bâtiments sur le même site qui n’ont pas vraiment rapport : un wat (quelle surprise!), une pagode (un temple pointu en bois) et la Goddess of Mercy... Mais, c’est quoi cette déesse vous vous demandez : Imaginez-vous une gigantesque boudine qui a l’air de faire 800 mille tonnes en haut de ses 150 marches. C’est la statue de Guan Yin, déesse de la clémence, au teint toujours parfaitement blanc et au rouge à lèvre impeccable. Un peu comme tout le monde, on monte les marches inégales entourés des dragons de circonstance pour se rendre compte : 1 – que la vue de la déesse est finalement bien plus belle d’en bas et 2 – qu’elle doit peser sensiblement moins lourd que son poids estimé puisqu’elle est en fait une coquille posée sur des colonnes (avec des fenêtres sur tout le derrière de la tête). C’est à l’heure d’écrire ces lignes qu’on se rend compte que la déesse était en fait remplie de statues de Bouddha, nous on a préféré simplement en faire le tour pour apprécier la vue sur les montagnes environnantes.
Et les 2 autres bâtiments vous me direz? L’intérieur de la pagode est assez décevante, en revanche le Wat vaut tout de même le coup d’œil. Tout de blanc, avec son carrelage réfléchissant et ses hautes colonnes, j’ai eu le sentiment de rentrer dans une mosquée malgré le Bouddha qui trônait au fond de la salle. C’est original, mais on n’avait encore rien vu.
Le temple bleu
Si vous êtes déjà venus à la maison, c’est plutôt évident qu’on aime le bleu. Donc, lorsqu’il était temps de visiter le blue temple, I was REALLY excited. Niché dans une petite rue, le temple complètement gratuit, est complètement REMPLI de touristes. OUFF! Y’a du monde ici! Tout le monde tente de prendre ZE photo qui rempliront leur réseau social préféré et envoi le message : I was here! Mais, on ne sera tout de même pas hypocrites, on va le faire nous aussi, jusqu’à ce que Clément se rend compte qu’il a oublié d’insérer sa carte mémoire dans caméra. Bref! on met tout ça de côté et on visite. On commence par admirer l’extérieur, qui, surprise! Est tout bleu. Une fois les souliers enlevés, on rentre à l’intérieur : WOW! Un trip psychédélique avec toutes les teintes de bleu possibles. Bien sûr, il y a des touches dorées et rouges mais, le bleu est à l’honneur ici. L’énorme Bouddha au centre, tout blanc, est vraiment mis en valeur. Ça prend quand même un peu de temps à tout observer malgré la marée humaine et, c’est plutôt difficile de s’imprégner de la zénitude de l’endroit avec autant de monde mais, on fait notre possible. Un peu déçus de se retrouver dans la foule (mais, clairement, on aurait pu venir à un meilleur moment dans la journée – un vendredi à 16hres, ce n’est pas winner), on quitte l’endroit, même si c’est visuellement c’est magnifique.
Lanna Winter Wonderland
De retour au centre de Chiang Rai, on décide d’aller marcher et voir un parc pas trop loin de notre hôtel. On promet à poupette un parc avec des fleurs où on pourra prendre le temps de souffler et même jouer un peu. À notre surprise, le parc est complètement transformé en village de Noël Lanna. Mais, ça veut dire quoi : Prends toutes les décos de Noël possible, mets-en partout dans un parc, ajoute un IMMENSE sapin illuminé de 30 pieds, saupoudre des lumières Illumi style et couronne le tout d’une statue de père noël extraterrestre (for real guys!) mauve et voilà : Lanna Winter Wonderland! Ah! Et j’oubliais : Ajoute aussi un stage où un spectacle et de la musiquent jouent à un niveau de décibels si haut que ça te laisse un joli tintement d’acouphène, telles des cloches de noël (I know. I’m getting old).
Poupette est aux anges!
Elle se promène à travers le parc et veut tout regarder. Ça fait tellement plaisir de la voir émerveillée et d’avoir un début de l’esprit des fêtes, malgré le fait que nous sommes si loin de la maison. Elle joue dans le sable blanc, qu’ils ont mis pour faire comme si c’était de la neige, le sourire aux lèvres, et nous aussi. En continuant de faire le tour, nous allons voir l’immense sapin qui trône au milieu du parc. On se rend vite compte que nous en sommes à la journée d’inauguration et qu’il y a un paquet de Messieurs qui prennent des photos officielles avec des princesses Disney Thaïes. Une fois qu’ils ont terminés l’officialisation, les gens demandent de prendre des photos avec les princesses, qui sont en fait… des kathoeys (Lady boys). Et Ricki se lance avec Poupette pour sa photo officielle avec les princesses. Dès qu’elles la voient, elles (j’espère que j’utilise le bon pronom. No kidding. Je sais que c’est important) font tous des AHHHHHHHH! Et click! Tout un souvenir. Alors qu’on quitte le parc, Ricki se fait arrêter par une femme qui lui demande si elle peut la filmer et lui demander ses impressions sur l’évènement. Watch out Everyone! My 16 seconds of Fame in Thailand has come! Ciao! Boss! Je suis une Star en Asie!
Le Temple Blanc
Dernier jour à Chiang Rai et on a gardé le meilleur pour la fin : le célèbre temple blanc!
Pour se préserver un peu des touristes et de la température, on choisit de le visiter en fin de journée, une heure avant la fermeture. Ce temple blanc est la création très récente d’un artiste ayant eu une révélation et qui a décidé de dédier le restant de ses jours et son œuvre à Bouddha. Il en ressort une construction un peu folle, toute blanche, magnifique dans son ensemble mais dont les détails rappellent assez crûment les dangers des plaisirs terrestres.
Pour commencer, on passe sur un pont, non pas au-dessus de l’eau, mais au-dessus des limbes. Issues des ténèbres, des mains tendues vers le ciel semblent tenter de s’en extraire. Des mains sous toutes ses formes : celle de Wolverine, une tenant un crâne, une faisant un doigt d’honneur, une autre donnant un coup de poing, une tenant... Is that a big dick? (Oui, Ricki a dit ça tout haut).
Gardé par les Nagas, le pont mène évidemment à l’entrée du temple, maison de Boudha et porte vers l’illumination. L’intérieur est... spécial. Et il est interdit d’y prendre des photos. L’ensemble des peintures sur les murs ressemblent à un trip de mush. On y trouve des personnages bien connus (de mémoire : Iron Man, Spiderman, Sailor Moon, Hello Kitty, Harry Potter, R2-D2, le Millenium Falcon, Ku-Fu Panda, la marionnette de Saw... j’en passe mais vous avez l’idée) aspiré dans une sorte de vortex de dragons. Tout ça à l’opposé de Bouddha, tout blanc, et comme à son habitude paisible au fond de la salle.
On ressort de la pièce un peu déroutés, à vrai dire on se demande ce qu’on vient de voir : délire de l’artiste ou attrape touriste?
Au-delà du temple blanc, l’ensemble du site est lui aussi dans la même veine, mais on voit ça et là que l’œuvre n’est pas encore terminée. Parmi les choses marquantes, une grotte sombre remplie de personnages aquatiques, qui donnent l’impression que l’artiste était dans un délire à la Pirates des Caraïbes. Ça n’a d’ailleurs pas fait triper Poupette.
Alors qu’on quitte le délire du temple blanc, Ricki se fait accoster par 2 jeunes femmes. Elles la regardent nerveusement, en lui demandant si elles peuvent prendre une photo avec Adeline. Comme le consentement est important dans notre famille, Maman demande à Poupette si elle est d’accord. C’est OK!
Alors que Maman prend des photos de Poupette avec les étrangères, qui sourient comme si elles étaient à côté d’une vedette, un line-up commence à se créer à côté de nous. Rapidement, on quitte le petit groupe qui s’est formé, ignorant les « Excuse Me, can I have a picture too? ». On se tourne vers Poupette, en lui disant qu’elle n’est jamais obligée de faire ça... Mais que dorénavant, c’est 50 bahts la photo! :D
Bye Bye Chiang Rai!